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Je suis en colère contre le système de santé.
Ce qu’il est, ce qu’il fait, ce qu’il permet,
C’est un premier article, pas vraiment un manifeste mais un peu.
Dans le fond, tout mon blog en est un pour abolir le système de santé tel qu’on le connait,

Et pour développer une pratique de la santé qui soit féministe, décoloniale et libérée.

Des certitudes sur le système de santé

Des responsabilité(s) à prendre en tant que pro

Espoir & Ambition
autour de ce blog

Des certitudes
sur le système de santé

1) une médecine bouffie d’oppressions systémiques a minima. >>

2) une médecine qui mutile, violente, viole et tue. >>

3) une médecine qui invisibilise les savoir des personnes concernées. >>

Une médecine bouffie d’oppressions systémiques a minima.

Lorsqu’on regarde la santé aujourd’hui, de la recherche aux soins en passant par la prévention ou les propositions de soin, on voit une médecine blanche, patriarcale, cishétéronormative, grossophobe, sérophobe, psychophobe, validiste.

A minima.

Ce n’est un secret pour aucune des personnes qui subit l’une ou plusieurs de ces oppressions même si elles ne l’expriment pas en public, ne disent rien pensant qu’elles exagèrent, ou n’ont pas ces mots-là.

Notre système de santé n’a pas seulement besoin d’une sérieuse réforme.
On ne refait pas du neuf avec du vieux surtout quand le vieux est structuré par une conception déshumanisante.
Les réformes ne sont toujours que des tentatives (bien menées…) de nous faire taire, patienter, espérer.
Pendant ce temps, des gens crèvent à cause du système en place.

De façon plus précise, je vois trois fils emmêlés dans cette pelote de laine déshumanisante à savoir :

  • un paternalisme soignant qui s’octroient le droit de décider ce qui est bon, qui mérite de l’attention et de quelle façon.
  • une dépossession des savoirs et pouvoirs des personnes par d’autres en vue de s’imposer comme l’unique plateforme
  • une industrialisation de l’accès aux soins et, de façon plus globale, à un état de santé satisfaisant*.

*Satisfaisant = qui convient à la personne concernée avant tout.
(Et non selon l’appréciation des professionnelles, ni celles des proches, même celleux qui les aiment fort et consacrent leurs temps pour elleux, blablabla)

 Une médecine qui mutile, violente, viole et tue.

Que l’on parle des personnes intersexes ou des personnes avec utérus (femmes cis, hommes trans, personnes enby (non-binaires)), adultes, enfantes et bébés, la médecine s’octroie le droit de pratiquer des actes sans consentement prétendant savoir ce qui est bon (pour qui ? À part eux, personne) comme :

  • planifier des mutilations sur des bébés/enfantes intersexes pour leur attribuer un sexe féminin ou masculin. Ceci notamment en mentant et en instaurant un climat de peur et d’urgence auprès de parents qui sont enfermées dans une binarité de genre + méconnaissent les vécus de personnes intersexes + ignorent que non l’intersexuation n’est pas une pathologie.
  • instituer les épisiotomies lors des accouchements : Acte chirurgical qui consiste à ouvrir le périnée au moment de l’accouchement qui permettrait d’éviter une déchirure si la tête du bébé est trop grosse. Or : depuis 1982, une étude dément l’efficacité dans la prévention de déchirure grave du périnée, depuis 1997, l’OMS classe l’épisiotomie comme pratique fréquemment utilisée à tort inutilement, depuis 2017, l’HAS pointe du doigt l’épisiotomie comme facteur de risque d’hémorragie. Concrètement, si la déchirure se fait naturellement (rare chez une personne en bonne santé), elle est su-per-fi-cielle. En revanche, lors d’une épisiotomie, les obstétriciens coupent : la paroi du vagin, la peau de la vulve, les muscles superficiels, vaisseaux et nerfs du périnée, ainsi que les nerfs appartenant à la structure clitoridienne… causant ainsi une déchirure profonde, soit des douleurs à long terme (voire définitive). Pourquoi cette pratique est maintenue ? Les accouchements prennent moins de temps : confort de l’obstétricien et de l’équipe soignante, rentabilité, …
  • suturer avec le point du mari : recoudre ce qu’ils ont coupé, c’est la suite logique de l’épisiotomie. Le point du mari, c’est le point supplémentaire pour que l’entrée du vagin soit plus petite afin que le mari éprouve davantage de plaisir lors de la pénétration vaginale. La quête de “vagin étroit”, c’est ce truc mêlant misogynie et désir pédo/incestueux où les hommes cishet préfèrent les “jeunes filles » +/- “vierges” qui n’auraient pas été abimées par trop de relations sexuelles (pénétrantes) avec trop d’hommes cis différents. La voilà, la base du point du mari. Que l’obstétricien le fasse à la demande du mari ou de son propre chef, importe peu : le problème est qu’il le fasse.
  • pratiquer des touchers vaginaux ou rectaux sans indication (ni consentement évidemment)
  • psychiatrisation abusive de catégories de personnes : femmes cis, personnes trans, personnes non blanches, personnes précaires,
  • retard de prise en charge : “syndrome méditerranéen” qui est enseigné aux soignantes et explique que les personnes noires et arabes « exagèreraient » la douleur (ce qui entraîne donc une absence/refus/retard de prise en charge de la douleur et de la recherche de la cause, etc), aussi des symptômes pour les maladies établis selon des études réalisées sur des garçons/hommes cis, blancs, valides, minces.
  • refus de prise en charge : on se souvient notamment de Naomi Musenga, morte à cause du racisme des opératrices du SAMU de Strasbourg qui se sont moquées d’elle, un drame loin d’être un cas isolé.

C’est non exhaustif mais s’il n’y avait qu’un seul de ces points, ce serait déjà trop.
On doit aussi arrêter de demander toujours plus de drames (et de détails) pour agir.
Ce ne sont pas des chiffres mais : des personnes qui sont impactées, leurs proches et toute la communauté autour.

Une médecine qui invisibilise les savoirs des personnes concernées

Les personnes concernées sont très loin de l’image passive et attentiste qu’aimerait imposer dans l’imaginaire des personnes. Elles créent et diffusent du contenu par et pour des personnes concernées elles-aussi.

Je ne pouvais pas passer à côté d’une section pour relayer ces savoirs.

Mon article sur les ressources extérieures par et pour les personnes concernées est clairement évolutif.
J’ai décidé de ne pas attendre d’avoir noté et rempli plein de catégories.
J’ai aussi envie d’éviter de me mettre de la pression dès le départ (surtout que mon site n’est pas encore référencé, ni même un lieu de passage.)

Je veillerai à le compléter progressivement, avec minutie et aussi sur recommandations.

Des responsabilités
à prendre en tant qu’agentes
de ce système.

1) détruire l’aura de bienveillance (et représentations de même type) >>

2) rendre le pouvoir & revenir à sa juste place d’auxiliaire >>

détruire l’aura de bienveillance (et représentations de même type)

Avec tout ce que j’ai dit , il y a peu de doute sur le fait que nous pouvons et devons questionner la bienveillance réelle des agentes et de sa pertinence.

Je pense que les soignantes estiment être bienveillantes de fait juste parce qu’elles travaillent dans le système de santé et que ce serait automatique. (ça ne l’est pas)
Je pense aussi que les soignantes brandissent la bienveillance à tout va comme un totem pour s’extirper de toute critique sur leurs pratiques autant que sur leur appartenance à ce système déshumanisant et la perpétuation de tout ce qui a déjà été décrit en première partie.

Beaucoup d’assignées femmes ont construit une image sociale conformément à ce qu’on leur inculque depuis la plus petite enfance. Ce “care”, ce “prendre soin de l’autre” est une qualité, compétence et activité attendue. A mon sens, c’est en ça que la remise en question de notre propre bienveillance dérange. On prend un risque : celui de révéler notre échec à rentrer dans le rôle de femme. Et dans une société patriarcale basée sur le respect des assignations de genre, échouer à perfomer comme c’est demandé revient à être exclues et sanctionnées.

C’est aussi sur l’existence de ces assignations que je trouve qu’il n’y aucune pertinence à parler de bienveillance. A mon sens, si la bienveillance est forcée, elle n’est pas tournée vers l’autre mais vers soi principalement. De par mes valeurs, spirituelles et militantes, j’y mets bien plus que ça. 

En revanche, et c’est aussi l’objet de ce blog, je ne prétends pas qu’elle ne peut pas émerger, juste qu’elle n’émerge que lorsqu’on la transforme en actions concrètes, régulièrement et suite à un effort de remise en question justement. Cette idée m’est venue en lisant À propos de l’amour de bell hooks où elle définit l’amour comme un acte et non comme un sentiment. (Ce livre est passionnant sur un thème assez peu abordé de cette façon, je vous le recommande pour les discussions qu’il peut ouvrir)

 

Un petit point concernant la bienveillance et les hommes cis qui exercent dans ce milieu: on ne leur demande pas d’être bienveillant on leur demande d’être compétent et de trouver les diagnostics avec les traitements efficaces. Le relationnel médiocre, on leur pardonne. Comme d’habitude, les stéréotypes ont la peau dure. « Les femmes l’émotionnel, les hommes le rationnel. » A partir de là, ils peuvent s’en foutre ou bien s’y planquer derrière selon les avantages qu’ils vont en retirer sans qu’on leur demande des comptes. 

 

rendre le pouvoir & revenir à sa juste place d’auxiliaire

Le but du partage de ressources faites par/pour les personnes concernées, ce n’est pas de connaître tout ce qu’il faudrait faire sur le bout des doigts. Ce serait plutôt : cette démarche doit s’accompagner d’un changement de posture pour éviter tout risque de reproduire une posture déséquilibrée de « cellui qui saurait » et « cellui qui subirait ».

Dans le fond, il faut cesser d’être solutionniste avant d’avoir compris les enjeux, voire même d’avoir fait les efforts de comprendre. (et ça s’applique pour plein de sujets… ).

 

La nouvelle posture connecte le fait d’/de :

  • Écouter de façon attentive et attentionnée pour connaître les réalités matérielles, les croyances, les peurs, les possibilités.
  • Connaître des difficultés liées aux opérations/maladies elles-mêmes afin de poser des questions (pertinentes).
  • Se rapprocher de patient’es expertes : que ce soit par l’intégration de groupes sur internet pour les lire, voir comment les autres répondent aussi, découvrir leurs contenus (écrits, audios, visuels…)
  • Bousculer nos pratiques soignantes et outils : dépasser ce que l’on nous enseigne en nous affranchissant de notre logique productiviste et tout ce qui est déjà énoncé plus haut.

 

Ce que l’on peut choisir :

  • poser des questions comme des champs de réflexion chez les personnes mais aussi avec elles : elles ne doivent pas se sentir seules.
  • préparer un filet de sécurité (psychologique et/ou matériel) en amont au cas où la personne panique parce qu’elle n’aurait pas pensé à quelque chose (ce qui est normal).
  • se souvenir que nous faisons partie d’un écosystème : nous n’avons pas toutes les réponses mais nous pouvons créer un tissu de connaissances et de confiance.

L’accompagnement, c’est un instant présent ET un engagement collectif qui se prépare et prépare le futur à la fois.

Un espoir et une ambition
pour ce blog

1) pour les personnes et leur santé >>

2) pour les agentes du système de santé >>

J’ai envie d’être un marche-pied pour des personnes qui pourront aller plus loin dans la réflexion.
J’ai envie d’être une chambre d’écho pour celleux qui n’oseraient pas croire de leur conception du soin parce que je sais que : ne pas avoir rencontré (ou échangé) avec des soignantes signifie que cette conception n’est pas partagée. 🙂

espoir pour les personnes qui ont/auront besoin de soins

Qu’elles puissent me lire, mettre des mots,
comprendre ce qui leur arrive ou leur est arrivé,
comprendre d’autres choses qui dépasseront mes écrits,
apprendre pour elles et leurs proches à faire face à l’impunité soignante,

Qu’elles défassent les trop belles représentations (si elles en ont) qu’elles ont des personnes soignantes,

Qu’elles captent que le sourire n’empêche personne de dire/faire de la merde,
et que les soignantes n’y échappent pas et que ça n’a pas forcément à voir avec les compétences, ni les diplômes.

que ce soit dans les propos tenus, dans la gestion administrative, dans les soins, dans les rapports humains avec d’autres, qu’il ne s’agit pas seulement que ça se passe bien pour soi mais pour que cela se passe bien pour toutes les autres personnes, surtout celles qui n’oseraient pas contredire ou demander le respect pour X raisons,

Qu’elles aient, au décours d’un article, de nouvelles idées pour détourner et obtenir ce dont elles ont besoin,

Qu’elles aient l’envie de partager leurs apprentissages et leurs savoirs.

Ambition au sujet des agentes du système de santé

Qu’elles ouvrent les yeux sur :

  • leurs/nos formations et pratiques professionnelles,
  • leur implication dans ce broyeur en dépit de toutes leurs bonnes intentions,
  • leur absence de remise en question sur leurs pratiques, non pas sur les symptomes, mais sur la cause,
  • leurs réactions épidermiques sans voir les critiques systémiques,
  • le fait que non, on ne change définitivement pas le système de l’intérieur.

Qu’elles cessent de projeter leurs savoirs acquis en se basant sur des cours qu’elles n’ont plus feuilletés, ni actualisés, pas forcément questionnés.

Qu’elles écoutent
Qu’elles écoutent mieux les personnes soignées, qui connaissent leurs vécus et sentent mieux leurs corps que nous !

Tout ça s’inscrit forcément dans mon parcours : 

Je me suis sentie seule avec cette conception de soin au cours de ma formation, de mes pratiques. 
J’ai été éjectée d’un poste comme infirmière, j’en ai profité pour m’éloigner du système de santé et de ses agentes.
J’ai dû les côtoyer à nouveau pour subir une hystérectomie
mais j‘y suis revenue forte de plus de maturité et de conscience politique.

J’ai témoigné des maltraitances gynécologiques et globales, porté requête pour faire bouger l’hopital
(6 mois plus tard, zéro actions)
J’ai assisté à une conférence, tendu des mains vers des personnes sensibilisées,
J’ai tiré les fils, suis devenue secrétaire médicale, n’ai pas été renouvelée. 

Puis bin, je suis là maintenant.

 

Voyons où tout cela mène.